Pour ceux qui attendent un autre verrouillage pour se recroqueviller avec son magnum opus, voici cinq faits amusants que vous pouvez introduire dans une conversation qui vous feront passer pour un expert.

– Chef-d’œuvre indésirable –

En 1909, Proust se lance dans ce qui deviendra son chef-d’œuvre, un roman sur la mémoire et l’essence de l’art.

Le projet est passé d’un livre à un deuxième en 1912 et à un troisième l’année suivante.

« A la recherche du temps perdu » est finalement devenu sept volumes, quatre publiés du vivant de Proust et trois après sa mort à l’âge de 51 ans en 1922.

Mais trouver un éditeur n’a pas été facile.

Après avoir reçu trois refus pour le premier tome « ​​Swann’s Way », Proust décide de s’auto-éditer, avec l’aide des éditions Grasset.

Le romancier lauréat du prix Nobel André Gide, alors éditeur aux éditions NFR (qui deviendra plus tard Gallimard), fait partie de ceux qui ont transmis la prose dense de Proust.

« Le rejet de ce livre restera la plus grande erreur de la NRF », écrira plus tard Gide à Proust, le qualifiant de « l’un des plus amers regrets de ma vie ».

Gallimard réussit à reconquérir Proust avec son deuxième roman en 1916, « Dans l’ombre des jeunes filles en fleurs », qui remporta le prix Goncourt, le plus grand prix littéraire français.

– ‘Oh’ : en remportant le premier prix –

Lorsque le jury du Goncourt annonce Proust vainqueur en 1919, Gallimard se précipite pour annoncer la bonne nouvelle à l’auteur.

Arrivé chez lui près des Champs-Elysées, Gallimard trouva Proust, un somnolent invétéré, endormi dans une salle remplie de traitements à la vapeur pour son asthme.

« Oh? » dit platement l’auteur, en apprenant qu’il avait gagné l’équivalent littéraire du gros lot.

Sa victoire a déclenché un tollé de la part de la gauche française qui a soutenu le récit épique de Roland Dorgeles sur la vie dans les tranchées pendant la Première Guerre mondiale sur ce qu’ils ont qualifié de ruminations complaisantes de Proust sur le passage du temps.

Les critiques de Proust ont en outre soutenu qu’il était trop vieux – il avait 48 ans à l’époque – et trop riche pour remporter le prix qui s’accompagnait d’un prix de 5 000 francs.

– Encore et encore –

« Longtemps, je me suis couché tôt… », c’est ainsi que commence « A la recherche du temps perdu », et c’est aussi ainsi que se termine l’histoire pour beaucoup de lecteurs, qui trouvent dans la prose de Proust des qualités soporifiques.

Poétiques et rêveuses, parsemées de tirets et de parenthèses, ses phrases sont exceptionnellement longues – en moyenne 30 mots, soit le double de la plupart des romanciers.

– La madeleine était presque grillée –

La madeleine ou mini génoise devenue le détail le plus célèbre des sept tomes fait son apparition au début du premier tome.

Pour le protagoniste, Marcel, la dégustation du petit gâteau libère une rafale de souvenirs vifs, lui donnant accès au « temps perdu » qu’il recherche.

« Dès que j’ai reconnu le goût de la madeleine trempée dans le thé au tilleul que ma tante me donnait… », s’évanouit-il.

Et pourtant, la puissante madeleine était presque un humble morceau de pain grillé, comme le révèlent les premières ébauches de la scène découvertes dans les cahiers de Proust.

– Câlins maternels –

Proust a souffert la majeure partie de sa vie d’asthme sévère, et bien qu’il ait aimé socialiser – il a eu des aventures amoureuses homosexuelles secrètes et tortueuses – il a également passé de longues périodes au lit, écrivant avec un plateau sur ses genoux.

Son père neurologue a exhorté son fils maladif à sortir au grand air et à faire du sport, notant que l’asthme n’était pas contagieux.

Mais la mère de Proust était encline au mollycoddling, et à partir de 1906, il suivit son conseil, restant cloîtré à l’intérieur comme un ermite, avec un approvisionnement régulier en caféine et en aspirine.

Ses problèmes respiratoires finiraient par l’emporter sur lui. Il est décédé des suites d’une pneumonie qui s’est transformée en bronchite puis en abcès aux poumons.