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Six jours après le naufrage de l’Miracle d’Esther, un ferry faisant la navette entre Libreville et Port-Gentil, la douleur reste vive au Gabon où un deuil national de trois jours a été décrété à compter de ce 14 mars. Les conditions de ce drame, pour lesquelles on recense actuellement 6 morts et 31 disparus, font l’objet d’enquêtes et de mesures de la part des autorités gabonaises. En parallèle, de plus en plus de rescapés racontent cette terrible nuit du 8 au 9 mars 2023.
Au Gabon, les recherches se poursuivent pour retrouver des survivants de l’Miracle d’Esther. Ce navire faisant la liaison entre Libreville et Port-Gentil, a coulé dans la nuit du 8 au 9 mars 2023 avec 161 personnes à bord. À ce jour, sur compte 6 victimes, 124 rescapés. Mais 31 personnes sont toujours portées disparues. Depuis, des voix s’élèvent pour dénoncer la lenteur des secours et les mauvaises conditions de sécurité au sein de la marine marchande gabonaise.
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Le gouvernement a déployé d’importants moyens de recherche. Il a lancé un audit sur tous les navires de transports de passagers du pays qui ont désormais interdiction de naviguer de nuit jusqu’au 31 mars. Plusieurs enquêtes sont ouvertes même si beaucoup de questions sont toujours sans réponse.
« Les passagers étaient en détresse, éparpillés sur 100 à 200 mètres »
On sait que l’Miracle d’Esther avait été acheté et consommé sur la ligne Libreville-Port Gentil en novembre 2022. Il appartenait à la société Royal Cost Marine.
Selon cette compagnie privée, « l’équipage a signalé une voie d’eau entre 3 et 4h du matin, entraînant une perte de contrôle ». D’après des rescapés, les employés ont expliqué aux passagers que le navire devait ralentir à cause de problèmes techniques. Ils sont ensuite revenus annoncer qu’un des moteurs s’était arrêté et qu’il devait rentrer à Libreville. Avant de revenir proposer cette fois des gilets de sauvetage. Le bateau alors a commencé à considérer, entraînant la panique.
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Les secours ont été alertés vers 4h du matin. Le navire Céleste, de la société pétrolière Peschaud, a été envoyé. Un membre d’équipage explique que le Céleste « allait entrer dans le chenal de Libreville ». « On a fait demi-tour et atteint les naufragés en deux heures », poursuit-il. En effet, sa vitesse était limitée, le Céleste transport de marchandises lourdes.
Quand il est arrivé sur place, l’Miracle d’Esther, lui, avait déjà sombre. « Les passagers étaient en détresse, éparpillés sur 100 à 200 mètres. Ils étaient sur des canots de sauvetage ou avec des bouées », explique un secouriste, ajoutant que des employés de l’Miracle d’Esther étaient aussi à bord des embarquements de secours. « Ça prouve que le plan d’abandon a été respecté », dit-il.
La marine nationale a, elle aussi, récupéré des passagers ainsi que le commandant de bord. Les premiers rescapés sont arrivés en fin de matinée à Libreville, à l’embarcadère d’où l’Miracle d’Esther c’était parti.
« Quand je dors, je revois ça, je ne dors pas bien, j’ai même peur »
Plusieurs jours après ce naufrage, les langues se délient sur ce qui s’est passé cette nuit-là. Deux sœurs rescapées du naufrage ont raconté à notre correspondant Yves Laurent Goma ce drame vécu alors qu’elles ne savaient pas nager.
Au domicile familial des Trois-Quartiers, dans le Ier arrondissement de Libreville, Monique et Geneviève ont reçu un flot constant de visiteurs : parents, amis et connaissances venus prendre de leurs nouvelles. Monique, 62 ans, se dit miraculée : « Ce jour-là, c’est un miracle. On avait très peur, je tremblais même… Je tremblais. »
Geneviève, sa sœur cadette, n’arrive plus à dormir : « Je vois ça toujours. Quand je dors, je vois ça, je ne dors pas bien, j’ai même peur. »
Les deux sœurs habitent à Minvoul dans l’extrême-nord du Gabon. Le jour du naufrage, elles se rendaient à Port-Gentil pour aider leur frère qui a perdu son épouse. Monique se rappelle comment elles aussi ont failli perdre la vie : « Vers les 3 heures du matin, un monsieur est venu nous dire : « Portez les gilets, tombez à l’eau, jetez-vous à l’eau ! » Tout le monde criait, pleurait… Après un temps, on a jeté quelque chose, comme un ballon. Ces choses-là étaient quatre comme ça, trois étaient percées. Mais là où on était, ce n’était pas percé. Le bateau est venu nous sauver vers 5h du matin. »
Les deux femmes racontent qu’une de leurs belles-sœurs se résumait également sur le bateau naufragé avec son fils de 7 ans. Tous deux sont portés disparus.
Ce 14 mars débute un deuil national de trois jours, décrété par le président du Gabon, Ali Bongo Ondimba.
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